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Nyéléni 2007 - Forum pour la Souverainté Alimentaire. 23 - 27 Février 2007. Sélingué. Mali | ||
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L’échec de la Déclaration de 1996 et la nouvelle Déclaration Officielle
Les mouvements sociaux, les organisations environnementales, de paysans, de pêcheurs, de bergers, de peuples indigènes, de femmes ainsi que les syndicats et les ONG réunis ici à Rome expriment leur mécontentement et leur rejet de la déclaration du Sommet Mondial de l’Alimentation : cinq ans après.
Loin d’analyser et corriger les problèmes qui ont empêché de progresser, depuis les cinq dernières années, dans la lutte contre la faim, ce nouveau plan d’action associe à la fois l’erreur d’employer une nouvelle fois « le médicament qui a échoué » avec des propositions destructives qui rendront la situation encore plus dramatique.
Le Plan d’Action de 1996 n’a pas échoué par un défaut de volonté politique et de ressources, mais parce qu’il a favorisé des politiques qui aboutissent à la famine, qui supportent la libéralisation de l’économie des Pays du Sud et l’homogénéité culturelle, et qui sont soutenues par l’intervention de forces militaires après l’échec d’une première série de mesures. Les seules politiques qui peuvent éradiquer la faim sont celles basées sur la dignité et la vie des communautés. Nous affirmons que ceci est non seulement possible mais également de la plus haute nécessité.
Depuis 1996, les gouvernements et les institutions internationales ont administré la globalisation et la libéralisation, permettant ainsi d’intensifier les causes structurelles de la faim et de la malnutrition. Ils ont obligé l’ouverture des marchés au dumping des produits agricoles, à la privatisation des institutions d’aide économique et social, à la privatisation et à la commercialisation des terres, des eaux, des forêts et des ressources de la pêche publiques et communales. Nous rappelons, en outre, la brutale répression des mouvements sociaux qui résistent au Nouvel Ordre Mondial.
Cette politique a ouvert les portes à une monopolisation et une concentration sauvage des ressources et des processus de production dans les mains de quelques grandes corporations. L’imposition de modèles de production intensifs et dépendant de l’extérieur a détruit l’environnement et les modes de vie de nos communautés. De plus, ce système a crée une insécurité alimentaire et a mis l’accent sur des gains de productivité à court terme en utilisant des technologies dangereuses tels que les OGM.
Il en a résulté le déplacement des populations, une migration démesurée, la perte d’emploi et par conséquent de moyens de subsistance, la destruction des terres et des autres ressources nécessaires à la survie des personnes, une augmentation de la polarisation entre riches et pauvres - aussi bien à l’intérieur des pays qu’entre le Nord et le Sud- et enfin, une augmentation de la pauvreté dans le monde et de la faim dans la plupart des pays.
Il n’y aura pas de progrès en ce qui concerne la lutte contre la faim sans un renversement de ces politiques et de ces tendances. Toutefois la présente déclaration n’offre aucun espoir à ce sujet. Elle accentue au contraire la libéralisation du commerce- la force qui met le plus en péril les modes de vie traditionnels. Elle a affaibli le concept du droit à l’alimentation. Elle propose une augmentation des ajustements des structures néolibérales en ce qui concerne les programmes de l’HIPC. Elle recommande de mettre l’accent sur l’ingénierie génétique et biotechnologique. Enfin elle n’a pas réussi à renforcer une production gérée par les pauvres et destinée aux marchés locaux, ni à redistribuer radicalement l’accès aux ressources productives qui est fondamental si l’on veut que les choses changent vraiment.
Face au projet de l’Alliance Internationale contre la Faim, qui est pire que le « toujours plus de médicaments », nous opposons le concept de Souveraineté Alimentaire en tant que base sur laquelle nous délimitons les actions et les stratégies requises pour mettre fin véritablement à la famine.
Qu’est ce que la Souveraineté Alimentaire ? La Souveraineté Alimentaire est le droit des populations, des communautés, et des pays a définir leur propre politique alimentaire, agricole, territoriale ainsi que de travail et de pêche, lesquelles doivent être écologiquement, socialement, économiquement et culturellement adaptées a chaque spécificité. La Souveraineté Alimentaire inclue un véritable droit à l’alimentation et à la production alimentaire, ce qui signifie que toutes les populations ont droit à une alimentation saine, culturellement et nutritionnellement appropriée, ainsi qu’à des ressources de production alimentaire et à la capacité d’assurer leur survie et celle de leur société. La Souveraineté Alimentaire rend nécessaire les mesures suivantes :
La Souveraineté Alimentaire signifie la primauté des droits des populations et des communautés à l’alimentation et à la production alimentaire, au-delà des intérêts du marché. Cela implique le support et la promotion des marchés locaux et des producteurs sur la production destinée à l’exportation et les importations alimentaires.